jeudi 8 décembre 2016

Aujourd’hui, je monte en montagne


Ici à Beyrouth, la montagne n’est pas loin, la première station de ski est à une petite heure seulement pour une altitude de 2000m. Il y a plus haut, le point culminant à 3088m d’altitude : Qornet es Saouda mais plus au nord vers Tripoli. Je monte en voiture jusqu’à la neige en espérant être au-dessus des nuages mais je me retrouve dans les nuages. La route qui traverse le Mont Liban pour rejoindre la Bekaa par le plateau au-dessus de Faraya est déjà fermée, les militaires ne me laissent pas passer, le checkpoint n’est pas franchissable même à pied. Je décide donc de randonner sur le versant ouest du massif. Rapidement la visibilité se détériore et je finis par ne plus rien y voir. Il neige et mes traces disparaissent rapidement. Les nuages passent avec leurs averses de neige, quand je me retrouve entre deux nuages, je profite de ces moments plus clairs pour me repérer, le plateau est grand.









En longeant une crête, je trouve des traces fraiches, une piste puis deux puis trois. La neige fait beaucoup de bruit à chaque pas et je me dis qu’il n’y a aucune chance de voir une bestiole. Je reste tout de même sur ces pistes. Normalement, je suis sur le surplomb de la vallée de Faraya mais il n’y a que du blanc, du coton et des flocons. Un gros nuage passe avec une bonne averse qui fouette le visage et fait piquer les yeux puis ça se dégage légèrement. J’arrive à voir le fond d’un petit vallon enneigé sur ma gauche et je fais quelques photographies et mon regard s’arrête sur une tâche qui aurait pu être un animal mais après observation, aucun mouvement. Quelques photographies plus tard, la tâche n’est plus là, il n’a pourtant pas neigé tant que ça. Je m’avance, m’allonge sur un rocher en surplomb du vallon et j’ai le bonheur de voir trois renards. Celui qui n’était qu’une tâche il y a quelques minutes, se rapproche des deux autres. Sa compagnie ne semble pas être souhaitée, l’un des deux autres renards se lance à la poursuite du visiteur. Ça grimpe la pente à toute vitesse, ça tourne brutalement, ça se rattrape, ça dérape, coup de dents, tout le monde en boule et on dévale dans la neige.





Après trois bonnes roustes, notre visiteur quitte le vallon, queue basse. Le vainqueur en profite pour marquer son territoire par quelques excrétions. J’aurai bien voulu continuer cette histoire mais un nouveau gros nuage est arrivé et le rideau est tombé.
A bientôt.

mercredi 16 novembre 2016

Les magouilles autour des déchets permettent des photographies étonnantes

Depuis mon arrivée au Liban, l’été 2015, c’est la crise des poubelles comme on dit ici, mais attention, ce n’est pas aussi simple que le laisse paraître cette expression. C’est surtout une histoire de corruption, de gros sous, de magouilles politiques. Après la fermeture de différentes décharges dans le pays, le problème qui se pose n’est pas : Comment va-t-on traiter les déchets ? Mais, où va-t-on mettre les déchets ? Il semble inconcevable de traiter ses déchets.
   
Beyrouth, novembre 2016 © T.Magniez
Après avoir pensé à quelques projets comme par exemple, l’exportation vers un pays d’Afrique, les dirigeants libanais ont décidé en mars 2016, de créer deux nouvelles grosses décharges pour absorber le flux continu des poubelles et les poubelles stockées à différents endroits dans la ville. Deux décharges pour cerner Beyrouth, une au sud de Beyrouth, à côté de l’aéroport international, l’autre au nord dans l’estuaire du fleuve Beyrouth.
 
Sites d'implantation des 2 décharges © Googlemap
Appels d’offres lancés, marchés remportés pour des sommes entre 100 et 145 millions de $, les engins de travaux publics se mettent au travail au début de l’été 2016. A cette même époque, l’équipe de Thalassa vient au Liban pour réaliser un reportage sur la pollution par les plastiques de la mer Méditerranée, je participe à la réalisation de ce reportage.
  
  
Durant l’été, quelques différends ont lieux sur ces deux décharges. Chaque problème se résout en prenant en otage les libanais : Quand un mouvement de protestation émerge, la réaction est rapide, les déchets ne sont plus ramassés entrainant rapidement la formation de monts de poubelles dans la ville. Dans un silence complet et de plus en plus résigné, les libanais voient régulièrement les montagnes de détritus se faire et se défaire dans leurs rues. Régulièrement, ces monts de déchets sont brulés dans la ville. Ce qui n’améliore pas la qualité de l’air qui est déjà très pollué.

Bande de pollution sur la côte devant Beyrouth © T.Magniez
Curieusement, des incendies ont eu lieu simultanément, il y a quelques semaines, dans plusieurs centres de tri et de traitement des villes de Choueifate, Baalbeck et le Metn qui tentent de traiter eux même leurs déchets. Ce ne serait pas des tentatives pour dissuader les municipalités qui essayent d'installer leurs propres usines et d’être autonome pour la gestion de leurs déchets ?
La gestion des déchets se fait actuellement de manière centralisée, les intérêts en jeux sont donc colossaux. La gestion de ces déchets, c’est une mine d’or ! Les sociétés privées se battent pour remporter les appels d’offres.